Histoire de la franc-maçonnerie à Luxembourg

Les origines anglaises

Au début du XVIIIe siècle, à Londres, plusieurs loges se sont réunies pour former la première grande loge de francs-maçons, autour de Jean Théophile Désaguliers, de nobles et de gentilshommes, certains d’entre eux membres de la Royal Society. En 1723, elle publie son livre des constitutions, qui reprend une histoire fabuleuse, fixe les obligations du maçon et détaille son règlement. Ce texte contribuera à son essor de par le monde.

L’institution, produit de l’Angleterre et de l’Ecosse du tournant du XVIIIe siècle, va ensuite se répandre vers les colonies anglaises d’Amérique du Nord et en Europe continentale.

Les premiers pas au Luxembourg 

La franc-maçonnerie fait son apparition au Luxembourg dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Les premières loges maçonniques sont rattachées à des régiments de passage à la forteresse. En 1776 la Grande Loge provinciale anglaise des Pays- Bas autrichiens installe à Luxembourg la première loge fixe sous le titre distinctif « La Parfaite Union ». Cette loge s’éteint en 1786.

La franc-maçonnerie revient ensuite avec les loges militaires des troupes napoléoniennes. La première loge civile, intitulée les « Enfans de la Concorde fortifiée », est installée en 1803, sous l’obédience du Grand Orient de France, puis passera sous l’égide du Grootoosten der Nederlanden à la fin de l’Empire. 

En 1820 elle s’établit dans l’ancienne maison des Merciers à Luxembourg (actuellement 5, rue de la Loge).

Émancipation et affirmation

Suite à l’indépendance du Grand-Duché de Luxembourg en 1839, la franc-maçonnerie luxembourgeoise s’émancipe elle-aussi de l’autorité étrangère. En 1848, à Echternach, naît la loge « L’Espérance », qui s’éteindra vers 1875.

Si la décennie de 1840 à 1850 marque l’aboutissement de la marche vers l’indépendance de la franc-maçonnerie luxembourgeoise, elle marque également une césure dans son orientation philosophique. Jusque-là, les frères, notables bourgeois ou fonctionnaires en majorité catholiques croyants, mais aussi protestants ou juifs, entretenaient de bonnes relations avec le clergé catholique.

Cette entente se brise toutefois lorsque le vicaire apostolique Monseigneur Laurent, ultramontain nommé en 1842, dénonce publiquement les francs-maçons, allant jusqu’à entrainer une émeute, la population s’en prenant physiquement aux frères. 

Cet intermède provoque une réaction anticléricale et une politisation croissante de la franc-maçonnerie luxembourgeoise. Celle-ci rejoint le courant libéral de la franc-maçonnerie européenne dès la fin du XIXe siècle et lui reste attachée jusqu’en 1957. 

L’après-guerre

A partir de 1959, la Grande Loge de Luxembourg rompt progressivement avec la franc-maçonnerie libérale latine. Elle retourne aux principes plus spiritualistes de la régularité. En Loge tous débats politiques ou religieux sont ainsi interdits et lors des travaux, référence est faite « à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ». La Grande Loge de Luxembourg se voit reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre et les autres grandes loges régulières de par le monde, à partir des années 1960. 

Elle comprend aujourd’hui près de 330 membres et six loges : trois loges francophones travaillant au rite français moderne (« les Enfans de la Concorde fortifiée », la « Parfaite Union » et « St. Jean de l’Espérance »), une loge d’expression anglaise « Friendship » établie en 1974, une loge germanophone « Zur Bruderkette » établie en 1887 et une loge travaillant au Rite écossais ancien et accepté « La Fraternité », établie en 2021.

Une présentation plus complète peut être trouvée ici : Trois cents ans d’âge pour la Franc-Maçonnerie, par Paul Geisen, Paul Rousseau et Jean Schiltz.